
Debriefing
​Dernière MAJ : 2020
« Il y a autant de façon de débriefer que de personnes qui débriefent et de personnes à débrifer» (Greg, coach depuis 2005 à Antibes)
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« Il faut jamais dire il faut et faut pas dire il faut pas ! »
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Un formateur est amené à faire des briefing, des retours, que ce soit sur le fond et/ou la forme, d'un exercice, d'un improvisation, d'un participant, d'un atelier, d'un spectacle, d'un atelier annuel...
On parle souvent du débriefing du point de vu du formateur mais celui-ci peut aussi prendre appui sur le point de vu et le ressenti des participants jouant et des participants spectateurs, ou encore de participants missionnés pour se concentrer sur un point technique, une notion un dysfonctionnement...
ACCORD MUTUEL
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Avant tout débriefing il faut établir un accord mutuel avec son groupe, connaitre leurs envies ou besoins, leurs objectifs, leur volonté ou non de tester leurs limites, pour adapter son briefing en fonction.
DEBRIEFING
Qu'est ce qu'un débriefing ou retour ?
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un « outil d'apprentissage » : on apprend en lisant, en écoutant, en voyant, en disant et en faisant, ainsi en débriefant on met des mots sur des actes, du vécu, des ressentis, on peut refaire, reprendre et ainsi apprendre ...
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un « outil de progression » : on progresse en se posant des questions, en soulevant des problèmes, en trouvant des solutions et en élaborant un planning de progression ...
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un « point de vue personnel » : un avis subjectif a un moment donné et non une vérité absolue et générale ...
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un « point de vue artistique » : un avis subjectif sur la prestation et non un jugement personnel du participant ...
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une « source d'éléments constructifs » : aussi bien positif que négatif ouvert à l'analyse et au développement et non une simple critique négative fermée ...
Mais c'est aussi un moment délicat, qui pose beaucoup de questions : Pourquoi ? Quel état d'esprit ? Quand ? Quel forme ? Quel déroulé ? Quel contenu ?
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POURQUOI ?
Le débriefing est nécessaire pour les participants en jeu, les participants spectateurs et pour le formateur lui même.
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Pour communiquer, faire passer un message, mettre des points en évidences, exprimer un ressenti, un besoin, une envie …
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Pour réconforter, remonter le moral, tirer du positif, du constructif même du moins bien, même du pire ...
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Pour progresser, faire le points sur les acquis et les points à voir et a revoir, repérer les forces et les faiblesses...
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Pour apprendre, tirer du sens et des leçons de ce qui a été fait...
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Pour comprendre, les mécanismes, se questionner, chercher des réponses, expérimenter ...
ETAT D'ESPRIT ?
Pour le participant qui est débriefé :
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écouter et accepter, le débriefing est fait pour nous, notre jugement personnel est souvent biaisé, il y a une différence entre ce qu'on croit jouer et ce qu'on joue, ce qu'on croit donner et ce que le public reçoit, le débriefing nous en donne un aperçu qui est bon à prendre ...
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se taire, ne pas chercher à contredire ni a se justifier, avec des « mais je voulais... », « mais je croyais... », « mais j'ai pas vu, pas entendu... », « mais j'ai pas compris... » … On ne peut pas tout jouer, tout voir, tout entendre, comprendre et penser à tout tout le temps, et ce n'est pas grave, c'est justement ça qui nous fait avancer ...
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assimiler, développer, s’intéresser aux causes (conscientes ou non, volontaires ou non) et aux conséquences (positives ou négatives) de ce qui a fonctionné ou non, pour intégrer, pour dépasser, pour progresser ...
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dédramatiser, ne rien prendre personnellement, rien est grave, rien a d'importance et on est là pour expérimenter, apprendre, progresser, comprendre pourquoi et comment éviter ou tirer profit de ce qu'on a fait ou non ...
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avoir confiance en son formateur, son expérience, son savoir et sa bienveillance pour recevoir le débrefing et pour lui transmettre le notre ...
Pour le coach ou celui qui débrief :
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être optimiste, ne pas relever que le négatif que ce qui n'a pas fonctionné, s'interésser aussi au positif a ce qui a fonctionné ... (références aux acquis, aux mieux, à l'évolution...), mais ne pas négliger les points pessimiste … (ceci dit il y a aussi des formateurs négatifs qui poussent les participants dans leur retranchement...)
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être bienveillant, respectueux dans ses propos et sa formulation, mais ne pas devenir hypocrite, trop gentil avoir peur de vexé et ne plus rien oser dire … (ceci dit il y a aussi des formateurs violents et directs qui font des retours tranchants...)
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être constructif, proposer son point de vu et amener du contenu, de la matière a travailler à réflexion, faire références aux points a revoir, aux manques et proposer des axes de progression des pistes de travail, donner des objectifs... (ceci dit il y a aussi des formateurs pas très clairs et par très organisé...)
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être humble, ne pas se placer en « monsieur je sais tout », accepter de se tromper ou de ne pas savoir … (ceci dit il y a aussi des formateurs gourous qui se placent sur un piedestale...)
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être ouvert, ne pas vouloir imposer sa vision, ne pas vouloir créer un archétype de réussite, laisser les participants progresser à leur rythme et se forger leur propre façon de jouer ... (ceci dit il y a aussi des formateurs plus ou moins exigeants et bornés ...)
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être professionnel, ne rien prendre personnellement, accepter aussi les retours des participants et leur scepticisme ou désaccord … (ceci dit il y a aussi des formateurs susceptibles...)
QUAND ?
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En cours de jeu, sans l’arrêter : le formateur souffle brièvement une directive (demander de dire ou faire quelque chose...), une direction (faire remarquer quelque chose, propose une piste...) pour réorienter le jeu, provoquer un changement, pour debloquer ou pour pointer un dysfonctionnement ou une bonne pratique ...
Avantages : éviter de s'engluer dans l'erreur, perdre ses moyens, et se sentir frustré après ...
Inconvénients : c'est parfois difficile d'écouter le formateur tout en jouant et en plus on ne vit pas réellement l’échec et ses conséquences, on ne laisse pas la possibilité que le jeu reparte et que quelque chose de positif et créatif émerge du négatif et de l'erreur ...
Peut être conseillé pour les débutants ou pour travailler un point précis et mettre ce point en évidence ...
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En cours d'impro, à l’arrêt et reprise: le formateur arrête l’exercice ou l'impro, fait un retour et demande ensuite aux participants de reprendre là ou ils en étaient.
Avantages :on peut avoir plus d'information sur le dysfonctionnement et plus d'indication ou de matière de rejeu pour la suite de l'exercice ou l'impro ...
Inconvénients : on n’est plus dans l’instant, on risque de se retrouver devant une impossibilité à continuer l'exercice ou l’impro, on risque d’être trop dans sa tête afin de respecter la consigne...
Peut etre conseillé pour les débutants ou pour travailler un point précis et mettre ce point en évidence ...
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Apres coup, après l'impro et recommencer : le formateur attends la fin de l''exercice ou l'impro pour pointer les dysfonctionnements et/ou bonnes pratiques revenir sur ce qui a été fait ou non et ce qui aurait pu être fait
Avantages : on va au bout de l'exercice ou l'impro de son impact et de ses possibilités
Inconvénients :si le formateur prend des notes, c'est difficile de jouer devant quelqu'un qui note, ça peut être perturbant, difficile de ne pas y prêter attention et se questionner, de plus le formateur déconnecte du jeu lorsqu'il est sur son cahier, et pour ce qui est de recommencer, refaire en impro c'est compliqué car ce n'est jamais vraiment pareil ...
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Apres coup et mise en situation similaire : le formateur attends la fin de l'exercice ou l'impro pour pointer les dysfonctionnements et/ou bonnes pratiques puis il propose une mise en situation similaire pour aborder le point technique à voir ou revoir ...
Avantages : on expérimente, on cherche des solutions, on pratique ...
Inconvénients : on peut perdre le fil du cours a force d'aller de points en points au fur et à mesure des débriefings ...
Peut être qu'un bon formateur devrait pouvoir alterner de l'une a l'autre de ses techniques selon les besoins, les envies et possibilités de chacun, selon les objectifs que l'on s'est fixé pour l'exercice, l'impro et le participants... Il faudrait pouvoir mettre les participants, ni trop ni pas assez en échec, car il faut vivre l’échec a fond pour mieux le comprendre, mieux le mémoriser, il faut accepter la frustration, le vide, la peur pour aller au delà, trouver des solutions ...
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LA FORME ?
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être bref, ne pas s’éterniser, ne pas tout dire sélectionner son contenu
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être clair, précis, un retour confus sera contre productif
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collectif ou individuel, certaine choses peuvent être dites après coup, en tête a tête
LE DEROULE?
Pour un débriefing "après coup" il y a 4 étapes distinctes.
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Etape 1 l'observation : regarder l'objet du débriefing (exercice, la scène, le participant, le spectacle… ) selon un points de vu prédéterminé ...
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Vue d'ensemble, comme un spectateur, on se focalise sur la réception et le ressenti (histoire, personnage, émotion…)
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Vue d'ensemble, comme un metteur en scène, on se focalise sur le rendu visuel et esthétique ...
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Vue ciblée, comme un directeur d'acteur, on se focalise sur le jeu d'un ou plusieurs comédien ...
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Vue ciblée, comme un scénariste, on se focalise sur l'histoire ...
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Vue ciblée, comme un professeur, sur une notion, un point précis, un effet ...
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Vue spécifique, on peut décider de regarder sans écouter, d'écouter sans voir, de regarder uniquement les réactions des spectateurs…
Étape 2 (facultative) le questionnement: recueillir les retours des participants et leur corrélation ou non, mettre en évidence les différences de perception... Ne pas obliger les participants à prendre la parole, ne pas chercher le débat mais laisser une possibilité de s'exprimer de verbaliser ses interrogations et son ressentit...
Demander au participant et aux partenaires encore sur scène :
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Leur ressenti (et pourquoi?)
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Les moments où ils étaient dedans, aisance (et pourquoi?)
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Les moments ils ont décroché, blocage ou perturbation (et pourquoi?)
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Les moments où ils ont raccroché (et pourquoi?)
Attention ce retour est souvent négatif et biaisé par la perception qu'on a de nous même...
Demander aux participants spectateurs :
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Leur ressenti (et pourquoi?)
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Ce qu'ils on compris ou pas (et pourquoi?)
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Les moments où ils ont décroché (et pourquoi?)
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Ce qu'ils on vu que les joueurs n'ont pas joué (et pourquoi?)
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Les moments où ils ont raccroché (et pourquoi?)
Attention ce retour est souvent multiple et varié selon la perception de chacun ...
Étape 3 l'analyse : le formateur reformule et fait le point sur ce qui "a marché ou non" ce qui "était la ou pas" et ce que ça a provoqué de positif et d'activant ou de négatif et de perturbant voir bloquant...
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Mettre en évidence les moteurs et points d'ancrage du jeu, les éléments activant (texte, personnage, émotion, objet …)
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Mettre en évidence les effets de mise en scène (espace, construction…)
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Mettre en évidence les effets de jeux (mime, effet comique…)
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Mettre en évidence les points de blocage du jeu, les éléments perturbants ...
Étape 4 le développement : dégager des axes de progression, de travail, d'expérimentation...
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Mettre le participants dans une autre situation similaire ou trouver un exercice en fonction, pour expérimenter, développer (à privilégier)
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Donner des exemples « de réussite et d’échec » (a doser que ce ne soit pas trop long)
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Raconter des anecdotes vécues, ça peut servir d'exemples ou contre exemple (à doser, on est pas là pour raconter notre vie et les participants ne sont pas là pour l’écouter)
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Montrer un exemple, c'est visuel et clair, mais très subjectif et pas vécu, ressentit par le participant (à éviter ou utiliser qu'en cas de nécessite)
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Prévoir de reprendre le point ou la notion ultérieurement, pour fixer les choses (à ne pas négliger)
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LE FOND ?
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Pour chaque cas, se demander :
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Ce qu'on peut POINTER de positif et/ou négatif, bonne pratique et/ou dysfonctionnement
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Ce qu'on peut PROPOSER, une directive, une direction, une piste, une astuce, un outil, un axe de travail, un exemple, une anecdote...
Débriefing sur un participant, on parle bien sûr de la « facette improvisateur » et pas de la « facette personne »
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POINTER une facilité, un talent, PROPOSER pour connaître ces forces et chercher l'inverse ….
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POINTER une difficulté, un bocage, PROPOSER pour connaître ces faiblesses et les travailler, pour débloquer ...
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POINTER un investissement, un effort, une progression, PROPOSER pourencourager, remonter le moral ......
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POINTER un acte inconscient, PROPOSER pour en avoir conscience et agir dessus ou en jouer...
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Débriefing sur un exercice ou une impro :
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POINTER une "erreur", un faux pas, PROPOSER pour les connaitre et en comprendre les causes et conséquences et pouvoir en jouer...
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POINTER un manque, PROPOSER pour l'éviter, le combler ou en jouer...
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POINTER un excès, PROPOSER pour le doser, le gommer ou en jouer.....
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POINTER une longueur, un retard de jeu, un manque d'investissement, PROPOSER pour l'éviter, la combler ou en jouer...
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POINTER une confusion, une incohérence, un oubli, un manque d’écoute, PROPOSER pour l'éviter ou en jouer...
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POINTER un décrochage, un cabotinage, un manque de concentration, PROPOSER pour l'éviter et le dépasser ...
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POINTER un cliché, un manque d'imagination, PROPOSER pour l'éviter et le dépasser ...
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POINTER une rudesse ou une obstruction, PROPOSER pour l'éviter ou en jouer...
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POINTER un hors sujet, hors catégorie, PROPOSER pour le corriger ...
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POINTER une bonne trouvaille, PROPOSER pour la mémoriser ...
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POINTER une option de jeu, PROPOSER pour ouvrir de nouveaux horizons ...
Débriefer sur une séance, on peut demander en fin de séance à chaque participant : « J’ai aimé ... » , « J'ai appris... », « J'’aimerai ... », « J'éviterai ...»
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POINTER les points réutilisés, pour mettre en évidence les points assimilés...
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POINTER les nouveaux points acquis, pour pouvoir les revoir ...
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POINTER les points à voir ou revoir, pour anticiper les prochaines séances ...
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POINTER les dysfonctionnement, pour les mémoriser, les éviter, ou en jouer ...
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Débriefer un spectacle, on peut demander aux participants : « J'ai préféré ...», « J'ai aimé... », « J'ai moins aimé... », « J'’aimerai ... » , on peut aussi s'appuyer sur un support vidéo
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POINTER les « bonnes impros », pour se féliciter ...
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POINTER les moments forts, pour les analyser et les multiplier ...
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POINTER les moments plus faibles, pour les analyser et y remédier ...
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POINTER les points à améliorer, pour progresser ...
Débriefer un atelier annuel, on peut demander en fin de séance à chaque participant : « J'ai aimé... », « J'ai moins aimé... » et « J'’aimerai ... »
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POINTER le contenu, pour l'adapter, si besoin …
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POINTER le déroulé, pour l'adapter, si besoin …
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POINTER la progression, pour l'adapter, si besoin ...
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POINTER les pistes a voir ou revoir, pour anticiper l'année à venir ...
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EN CONCLUSION
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Le débriefing est :
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unique, on ne peut pas le standardiser, il y a trop de paramètres et de possibilités
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nécessaire, on ne peut l’éviter
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modulable et adaptable, en fonction des participants (niveau, personnalité et motivation), du moments, de l'objectif, du coach
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variable, on peut alterner d'une façon de faire à une autre, selon les besoins et les objectifs
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évolutif, on peut adapter sa façon de faire au fur et à mesure de sa carrière , connaître les différentes façon de faire, pour se forger sa façon de faire
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difficile à appréhender par la théorie, l’expérience de terrain est une étape importante, il faut se tromper, accepter d’aller trop loin ou pas assez pour se construire sa proche approche du débriefing
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un affaire d’équipe, son efficacité dépend du coach et des participants eux même du briefing et de sa réception
Bref à nous de jouer, et de faire de notre mieux ...
Merci à Greg pour sa grande participation à cette réflexion !
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